Pourquoi ce site ?

Quelques éléments sur la décroissance et sur le but de ce blog


L'idée de ce site m'est venue suite à l'écriture de l'article Osons les ZAD dans nos laboratoires ! pour la revue FIC La Recherche et à de nombreuses discussions avec des collègues sur les impacts directs et indirects de la recherche scientifique et ce que les pratiques de recherches disent de notre société.

Je souhaite dans ces pages provoquer des discussions, partager des lectures, des concepts philosophiques (humblement, n'étant pas philosophe) et des approches théoriques à visées pratiques liées à l'écologie, au rapport au vivant, et surtout à la notion de décroissance dont je vais brièvement rappeler ici les grandes lignes en reprenant les idées de Michel Lepesant, issues de deux excellents textes :

La décroissance est le trajet de la décrue économique et de la sortie du monde de la croissance, basé sur deux principes :

  • Economiquement : le principe du suffisant (de l'autolimitation, plancher économique, plafond écologique)

  • Socialement : le principe de coopération, d'entraide.

    Ce trajet, qui doit être voulu démocratiquement (et non subi), se trouve très exactement entre le rejet du monde de la croissance (documenté, ressenti comme indispensable) et le projet d'un monde de la post-croissance (déterminé là aussi démocratiquement, en fonction des besoins de chacun.e, localement et globalement).


Rappelons que le monde de la croissance, que l'on pourrait aussi appeler régime libéral de croissance, est basé sur une neutralité des institutions, qui de ce fait ne se mêlent pas de ce que pourrait être la vie bonne (via la neutralité des points de vues), ni des affaires privées, et se concentrent sur la mise à disposition optimale (c'est-à-dire maximale !) des ressources pour les individus (qui sont patron.ne.s de leur start-up-vie) et faisant ainsi perdurer une société émergeant à partir des actes individuels (aléatoires, sans réel sens qui serait commun) alors que le processus devrait, me semble-t-il, être inverse : à partir d'un socle commun, de valeurs prônant la vie bonne, la société se reproduit.

De plus, d'après le sociologue et philosophe Hartmut Rosa, les moteurs de ce régime libéral sont la croissance (toujours plus), l'innovation (toujours du nouveau) et l'accélération (toujours plus vite). Ces trois moteurs sont naturellement des facteurs d'illimitation qui exercent une emprise (totalitaire), colonisant les imaginaires et détruisant à la fois l'habitabilité du monde et le tissu social.

Enfin, la décroissance a pour vocation de refaire de la vie bonne (sensée !) une question centrale (politique), puisque la croissance n'est qu'une direction dénuée de sens (croître pour croître), et de proposer des matrices de solutions (des normes, au lieu de proposition extrêmement précises et concrètes) visant à encadrer et accompagner les transformations. Il faut en effet se garder de tomber dans le "tout action" et plutôt tenter de faire émerger des concepts théoriques afin de définir des cadres de pratiques permettant de se préparer à ce trajet complexe qu'est la décroissance, ce qui n'empêche évidemment pas les tentatives et les expérimentations décroissantes nées des matrices de solutions, sans besoin d'efficacité optimale ni nécessairement d'objectifs précis,  avec simplement la joie de construire et d'improviser ensemble.

La recherche scientifique faisant partie de ces institutions neutralisantes et jouant un rôle important dans le régime de croissance, il semble donc essentiel de se demander, ici aussi, comment réduire (les impacts, le superflu), conserver (le nécessaire, la part sauvage du monde), ralentir (décélérer, déconstruire), et déterminer des matrices de solutions associées à ces problèmes tout en travaillant la décolonisation des imaginaires ! N'oublions pas que la meilleure façon de résister, c'est créer (Florence Aubenas et Miguel Benasayag), et que l'enjeu est de rendre marginales les pratiques destructrices (cf. cet entretien de M. Benasayag pour Basta!).

Mon souhait est que des textes de ce blog, et des discussions qui en découleront, émergent des Zones Académiques Décroissantes (ZAD) un peu partout dans les universités, laboratoires et instituts de recherche, en France et à l'étranger, pour amorcer une réflexion profonde sur la place de la Recherche dans la société et plus généralement au sein du vivant.


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